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10 avril 2006

Discours d’ONG sur les exilés africains en transit au Maroc

Cette note de synthèse a été réalisée en octobre 2005 dans le cadre d’une recherche collective par Internet sur le thème "Les exilés africains en transit au Maroc - La crise politique et humanitaire de l’automne 2005". Ce travail collectif constituait un exercice pour le séminaire "Migrations forcées, réfugiés, asile" (J. Valluy) : http://www.univ-paris1.fr/article43... au sein de la formation délivrée par le Master professionnel Crises : interventions d’urgence et actions de développement de l’Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1, IEDES). L’université n’entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans ces documents. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.



Nous allons dans cet article analyser le discours de sept ONG [1] sur une population particulière : les migrants clandestins en transit au Maroc, et dont l’aspiration est de venir en Europe. Nous avons pu observer des différences entre ces discours qui s’expliquent par les vocations spécifiques de chacune des ONG. Cependant des similitudes importantes au sein de ces discours préexisteraient à ces différences de fonds.

1 - A VOCATIONS DIFFERENTES, DISCOURS DIFFERENTS…

Les ONG de défense des droits de l’Homme [2] :
Ces ONG ne tiennent pas de discours sur les migrants. On retrouve très peu d’informations sur leur profil (sexe, age, nationalité, profession). Le peu de données que nous avons recueilli sont très éparpillées et peu détaillées. Les raisons de départ sont, elles, plus ou moins sous entendues. Leurs explications sont vues comme évidentes et acceptées comme tel. On n’a aucune information précise sur la vie de ces personnes dans leur pays d’origine.
Amnesty International (AI) nomme cette population, simplement « migrants », « personnes », « les réfugiés » (c’est le seul qualificatif qui donne éventuellement une information sur leur présence au Maroc). Dans d’autres articles nous avons pu glaner quelques rares informations supplémentaires :

-  Sur leur origine territoriale : « …quelques dizaines de migrants d’Afrique sub-saharienne » [3]

-  Sur leur statut et indirectement sur les raisons de départ : « …des centaines de migrants, parmi lesquels des demandeurs d’asile… » [4]

-  Sur leur profil physiologique : « …cinq hommes originaires d’Afrique subsaharienne ont perdu la vie […] après la mort de deux hommes, dont un était mineur. » [5]
AI donne aussi un autre type d’information, qui fait appel à l’expérience du terrain par l’utilisation de témoignages. Les données sont censées être plus précises mais la représentativité est délicate. Ainsi, AI retranscrit dans un article du 26 oct 2005 le témoignage de jeunes migrants mais l’ONG insiste davantage sur les difficiles conditions de vie au Maroc, et leur parcours depuis le départ de leur pays d’origine.
Selon les témoignages, il apparaît qu’il s’agit d’hommes, environ de 20 à 30 ans, qui sont désignés par des initiales (pour la protection des témoins d’éventuelles représailles).

-  « C.M, originaire du Mali… » ; « A.L, originaire du Mali… »

-  « J.P n’a pas trente ans. Originaire du Cameroun, il a quitté son pays il y a plus d’un an, pour tenter d’échapper à la misère. »

-  « X et Y font partie de quelque 500 migrants originaires de l’ouest de l’Afrique… »

-  « T.S, 23 ans, a quitté son pays natal, la Côte d’Ivoire, en 2003, après que son père et son frère eurent été tués chez eux par des hommes armés. Le statut de réfugié lui a été accordé en Juin 2004 au Mali. » [6]
A propos des motifs de départ, AI ne questionne pas sa réponse, les raisons des migrants sont évidentes :

-  « Le délit ? Avoir voulu fuir la misère, les persécutions ou la guerre. La sentence ? La mort sans procès » [7]

-  « …des délégués d’AI […] ont recueillis les témoignages de personnes cherchant à échapper à la misère et à la répression, originaires pour la plupart, du centre et de l’ouest de l’Afrique… » [8]
Les informations sont limitées aussi dans le rapport de l’APDHA [9]. Le profil des migrants est soit ignoré, l’APDHA parle uniquement de « migrants irréguliers », soit donné pèle mêle :
« …des milliers de migrants, demandeurs d’asile, étudiants, blessés, femmes enceintes et enfants. » ; ou bien encore assez vague : « Campus Universitaire d’Oujda : Il y avait près de 400 subsahariens toutes nationalités confondues avec une majorité nigériane… ».
En ce qui concerne les motivations du départ, on retrouve la même réponse qu’AI, mais plus organisée et catégorisée :
« La plupart des migrants “économiques” (Mali, Sénégal, Cameroun, Guinée, Gambie, Nigeria) ont déjà été rapatriés […] De fait, ne restaient plus que les ressortissants des pays en guerre (Sierra Léone, Congo, Côte d’Ivoire, Libéria), c’est-à-dire demandeurs d’asile… ».
On peut expliquer le peu d’information relative aux migrants et le flou identitaire qui les entoure dans le discours de APDHA et AI car il s’agit d’ONG de défense des droits de l’Homme. Leur principale préoccupation est de constater et dénoncer toutes les atteintes aux droits humains fondamentaux. Ainsi, leurs rapports et articles se basent tous sur la description des violations de ces droits et leurs dénonciations. « A travers tous nos communiqués, nationaux et internationaux, l’APDHA a exigé le respect des droits humains et l’instauration de critères de solidarités dans les politiques migratoires » [10].
Ce qui permet aussi de comprendre le peu d’information sur le profil des migrants, c’est que peu importe qui sont les migrants pour ces ONG, ce qui compte pour elles, c’est le respect des droits de cette population.
AI se définie comme « un mouvements mondial composé de bénévoles qui oeuvrent pour le respect des droits de l’être humain » [11], et « sa seule et unique préoccupation est de contribuer impartialement à la protection des droits humains » [12]. Il en va de même pour l’APDHA, leurs actions ne nécessitent pas de faire ce genre d’étude car ils ne font pas de distinction entre les différentes populations, ils agissent au nom d’une seule caractéristique : l’être humain.

Les ONG de « soutien physique et matériel » [13] :

Nous avons choisi de regrouper ces ONG ensemble et sous cette appellation car elles sont sur le terrain et apportent directement un soutien aux migrants.
Nous avons observé qu’il n’existe qu’un seul rapport émanant de la CIMADE, en partenariat avec l’AFVIC, qui tente de faire un profil socio-économique des migrants subsahariens. Il s’agit d’un rapport sur la situation des migrants dans les camps informels de Gourougou, Bel Younes et Oujda [14], qui date de 2004. La CIMADE a écrit d’autres articles et rapports à ce sujet sur son site [15], cependant ce premier rapport est le plus détaillé sur l’identité des migrants. L’ONG elle-même se base sur ce rapport en ce qui concerne la définition des migrants.
Les informations de ce rapport sont cependant à prendre avec précaution étant donné que les enquêteurs de la CIMADE ont recueilli en priorité les témoignages de personnes demandeuses d’asile. Leur échantillon de population et donc leurs statistiques finaux ne sont pas représentatifs de la réalité, ce qui a été bien stipulé par l’ONG au cours de la rédaction de ce rapport.
Selon ce rapport, la population est majoritairement d’origine nigérienne. Viennent ensuite les Maliens, les Camerounais et les Sénégalais. Les enquêteurs ont aussi entendu parlé de la présence de quelques indiens et pakistanais, mais ils n’ont pas pu vérifier leurs sources d’informations. Ils indiquent aussi que la majorité des migrants dans les forêts sont des hommes jeunes : la moyenne d’age est de 28 ans. La raison de ce jeune age serait dû, selon la CIMADE, d’une part à la difficulté du parcours mais aussi à la volonté de commencer une « vie nouvelle » pour soi et sa famille. Le niveau d’instruction des migrants est en moyenne assez élevé. 38% d’entre eux avaient au moins le bac et 24% avaient suivi des études supérieures, tandis que seulement 10% n’avaient pas du tout été scolarisés. Les ressortissants congolais, camerounais et nigérians avaient en majorité suivi au minimum un enseignement secondaire ou technique et étaient souvent titulaires du bac. Au contraire, les ivoiriens et les maliens, généralement issus d’un monde rural, avaient rarement dépassé l’école primaire.
Les femmes sont très minoritaires dans ces camps informels et les enquêteurs n’ont pas pu avoir accès à elles, du fait du silence des autres migrants à ce sujet et de l’impossibilité physique de rencontrer ces femmes (« protégées » par des hommes du camp). Ils ne s’expliquent pas leur présence, ce qui leur fait craindre leur exploitation par certains hommes. Ils précisent la présence de bébés nés durant le voyage et de femmes enceintes, mais indiquent qu’il n’y a pas d’enfants dans les camps. Ils soupçonnent cependant la présence de mineurs de plus de 15 ans. De plus 46 % des migrants sont des pères de famille et la grande majorité exerçait une activité professionnelle. Ce qui amène aux raisons qui ont motivé le départ : 55% ont fui à cause de persécutions politique et des guerres ; et 40% pour des raisons économiques. Il nous faut préciser à nouveau que ces chiffres ne peuvent être interprétés comme représentatifs de la réalité étant donné que les enquêteurs ont privilégié la recherche de migrants susceptibles de demander l’asile politique. Ils ajoutent, dans l’explication des migrations économiques que « au-delà d’un travail qui permettra la survie de la famille, l’Europe offre des perspectives de réalisation, d’accomplissement et de reconnaissance qu’il est impossible de trouver dans leur pays d’origine. » [16]
MSF a aussi écrit un rapport en septembre 2005 sur la violence infligée aux migrants, qui donne quelques informations supplémentaires [17]. Ce rapport est principalement tourné sur la description des violences physiques et morales subies par les migrants ; cependant les informations données sont complémentaires de celles de la CIMADE et de l’AFVIC, mais restent bien plus restreintes.
MSF indique que les migrants sont formés aussi de femmes, de femmes enceintes et d’enfants. Dans la région de Tanger par exemple, MSF a porté secours à 1500 – 2000 personnes qui se répartissaient en quatre catégories : 81 à 88% d’hommes, 9 à 15 % de femmes, 1,2 à 2 % de femmes enceintes et 3 à 4 % d’enfants. Selon MSF, la majorité était d’origine subsaharienne, mais l’ONG ne donne pas d’informations plus précises sur les nationalités.
Contrairement à la CIMADE, le rapport de MSF donne une explication de la présence des femmes au sein des migrants. Selon eux il s’agirait souvent de femmes nigériennes qui se convertissent en prostitués en échange de protection et de passage vers l’Espagne. Elles sont regroupées en groupe de 30, et sont installées davantage en milieu urbain qu’en milieu rural ou dans les camps informels. Certaines femmes utiliseraient la grossesse comme « sauf-conduit » durant le voyage jusqu’en Europe, selon MSF. Par contre MSF n’aborde pas la question des raisons du départ.
Cette caractéristique, d’être sur le terrain, d’avoir des missions permanente, permet à ces ONG d’être au contact avec les migrants, et donc d’avoir une idée plus précise de qui ils sont. On comprend mieux alors pourquoi ce sont ces ONG qui ont écrits les rapports et les articles les plus riches en informations.
Par exemple la CIMADE explique dans la présentation de sa structure en France et à l’étranger que leur « volonté n’est pas de proférer de belles paroles consolatrices aux personnes en difficultés, mais de les aider efficacement et concrètement. Ceci nécessite une étude au cas par cas… » [18]. Mais aussi par « son histoire, sa présence quotidienne sur le terrain, elle tire une expérience qu’elle rend publique lors de nombreuses campagnes d’information et de sensibilisation » [19].

Les ONG de « discours » [20] :

Nous avons choisi de regrouper ces ONG sous cette appellation car elles n’ont pas de discours sur les migrants eux-mêmes, mais plutôt un « discours » sur le discours et les actions des autorités marocaines, espagnoles, européennes et onusiennes à ce sujet.
Il y a très peu d’informations sur le profil des migrants ; et une analyse teinté de militantisme sur les causes et conséquences de cette situation est largement produite.
Le réseau Migreurop [21] (qui centralise les informations sur le sujet, venant d’une dizaine d’ONG membres) parle des « migrants, pour la plupart subsahariens » [22], ou « africains de diverses nationalités » [23]. Ce sont les seules informations que nous avons pu recueillir.
Par contre, on trouve davantage de données dans la critique envers les autorités citées ci-dessus. Il n’y a pas seulement une dénonciation et une simple critique de faits, le réseau met en place une analyse plus approfondie de la situation et va plus loin justement qu’une simple dénonciation de faits. Au travers de cette analyse critique, on peut trouver un certains discours sur les migrants :

-  « Pratiquant une ouverture sélective, réservée à l’immigration “choisie” dont leur économie a besoin, les Etats membres de l’UE, pour éviter d’avoir à accueillir ceux qu’ils nomment “immigration subie” (les réfugiés, et plus généralement tous ceux qui fuient la misère, les catastrophes environnementales et les conflits), sont prêts à tous les reniements. » [24] Cette phrase entre parenthèse permet au réseau de mettre en relief le manque de précision de l’UE dans sa définition des migrants, de montrer que les représentations subjectives prennent le dessus sur la réalité objective et surtout de nous montrer à nous qui sont les migrants pour le réseau.

-  « Pour tenter d’endiguer “l’invasion” de ceux qui sont désignés que comme des “clandestins”, des murs de plus en plus haut sont érigés, des dispositifs de plus en plus sophistiqués sont mis en place pour protéger de l’ennemi subsahariens ces îlots d’Europe en terre africaine. » [25]

-  « C’est désormais ouvertement que les migrants sont associés à la menace “terroriste”. » [26]
Cette critique des discours officiels remettent en cause un certain type de modèle de pensée et d’action, et nous informe indirectement de la position (en opposition) du réseau.
Il en va de même pour l’ATMF. Il y a peu d’informations objectives relatives au profil des migrants, la plupart sont teintées de militantisme et d’orientation idéologique.
On apprend uniquement par le fait d’une grève de la faim initié par des migrants détenus sur la base marocaine de Berden que « participent à cette grève des congolais (RDC), ivoiriens, libériens, ghanéens, sierra léonais, camerounais, soudanais, pakistanais et indiens. » [27] On apprend furtivement aussi qu’il y aurait « une dizaine de femmes ainsi que trois enfants (deux bébés et une fillette de 8 ans) seraient détenus sur la base » [28].
Aussi, l’ONG a recueilli une série de témoignages de survivants maliens, mais à titre de dénonciations de violations subies [29]
Le discours militant s’exprime principalement dans l’évocation des causes du départ des migrants de leur pays :

-  « Les victimes de la répression de Ceuta et Melilla ont d’abord souffert de la violation de leurs droits économiques et politiques dans leurs propres pays et pas seulement du fait de la corruption de leurs dirigeants. Les causes de leur exil qui sont internes et externes ne sauraient être réduites à la pauvreté et à l’extrême pauvreté dont l’issue serait la “bonne gouvernance”. Le fait est que l’Europe, qui ne veut pas subir l’émigration, fait subir aux peuples d’Afrique les conséquences de ses chois économiques, exacerbe les inégalités et les injustices internes, criminalise et humilie les composantes les plus vulnérables du néolibéralisme sur le continent. » [30].

-  « Les victimes africaines du capital prédateur voulaient tout simplement se libérer de la prison dans laquelle le FMI, le G8 et l’Europe les enferment » [31].

-  « Comme l’attestent leurs témoignages, la majorité des refoulés maliens sont des jeunes ruraux, qui savent à peine lire et écrire » [32]. Cette description des candidats maliens à l’immigration clandestine est faite en comparaison aux maliens diplômés à qui l’Europe ouvre ses frontières. Il s’agit là d’une critique envers l’Europe qui prendrait à l’Afrique ses « cerveaux » : « Aussi l’immigration “choisie” consiste-t-elle à entrebâiller les portes de l’Europe afin qu’y entrent les médecins, les infirmiers, les informaticiens …dont elle a besoin en laissant aux Etats africains le soin de gérer la grogne sociale » [33].
Un autre texte, à l’initiative de l’APDHA, qui reprend ces problématiques a été signé par plusieurs ONG et est en ligne sur le site du réseau Migreurop, c’est la « Déclaration Larache » [34] : « L’Europe ne peut pas oublier ses responsabilités dans le désespoir des Africains qui tentent d’arriver jusqu’à elle. […] L’Europe doit assumer sa responsabilité historique et actuelle dans la situation de tout un continent qui compte aujourd’hui plus de 100 millions de personnes d’une extrême pauvreté. L’Afrique et les Africains ont été spoliés, dépouillés et condamnés à la dislocation et à la misère, notamment par les entreprises multinationales. Et quand, fruit de leur situation désespérée, ils tentent d’émigrer, l’Europe les empêche de le faire légalement et ne leur laisse pas d’autre alternative que de tenter la terrible traversée de l’émigration irrégulière. » [35]
La vision du discours de ces ONG montre que les raisons du départ seraient la politique économique européenne et des grandes puissances, qui pille l’Afrique de ses biens et ressources matériels et immatériels, pour leurs propres profits. L’impérialisme des grandes puissances (notamment les pays européens) et la colonisation seraient toujours en pratique derrière la Mondialisation et son capitalisme effréné. La cause des départs des migrants clandestins serait donc principalement économique ici.
On peut comprendre pourquoi ces ONG axent leurs actions sur la dénonciation et les appels à changements de comportements, par le fait qu’elles ne sont pas sur le terrain et offrent plutôt une vision plus globale et élargie de la situation. Elles reprennent les informations de celles qui sont sur place et analysent les composantes générales du contexte avec ces données.
Par exemple l’ATMF inscrit son identité dans la dénonciation des puissances capitalistes dominantes, par ses luttes syndicales et ses luttes contre la répression : l’ATMF se définit comme « un réseau d’ingénierie associative basé sur le militantisme […] Elle plonge ses racines dans les grandes luttes qui ont marqué l’histoire de l’immigration : Soutien aux mouvements de libération des pays du Maghreb, luttes syndicales pour la dignité des travailleurs immigrés, mobilisation contre le racisme et la xénophobie, luttes contre la double peine. L’ATMF n’a cessé de lutter pour l’égalité des droits et la citoyenneté de résidence. » [36]
Il en va de même pour Migreurop, la différence venant du fait qu’il s’agit d’un réseau d’ONG. Le réseau prend finalement la « couleur » du discours et de l’identité de ces membres.

2 - UNE FONDATION DU DISCOURS SUR DES BASES SIMILAIRES

L’analyse du discours des ONG a révélé qu’il n’y avait finalement pas ou peu de discours sur les migrants. Cependant leur discours n’en est pas moins vide comme nous venons de le voir. Les différences que nous avons constatées sont de l’ordre de la structure de fond, maintenant nous allons voir les similitudes qui préexistent à ces différences, et qui sont relatives à la forme du discours.

Les sources :

Tout d’abord un discours se construit sur des sources d’informations. Ici, il y a deux types de sources :
- Les missions permanentes (MSF, CIMADE etc.) ou ponctuelles (ONG de défense de droits de l’Homme), qui font apparaître dans le discours des informations plus détaillées et approfondies sur les migrants et leur situation.
- La reprise d’informations émanent de rapports et d’articles produits par d’autres organismes (presse, gouvernements, ONG, OI, etc.). Il s’agit ici principalement des ONG dites de « discours ». Les informations reprisent sont utilisés pour alimenter un certain type d’analyse critique.
On remarque aisément que le discours n’est pas le même en fonction des sources, car celles-ci l’orientent, alors même qu’il est, lui-même, à la base, orienté par la vocation initiale de l’ONG.
Finalement il y a une circulation générale des informations entre les ONG, qu’elles aient des missions ponctuelles, permanentes ou bien qu’elles ne soient pas sur le terrain. Il y a une certaine complémentarité entre les unes qui apportent les informations « techniques », et les autres qui apportent leur analyse générale. Elles se citent les unes les autres, mettent en ligne les rapports et articles des autres dans le but d’apporter aux lecteurs une information la plus complète possible. Ainsi, Migreurop met en ligne sur son site le rapport de MSF, de la Cimade, de l’APDHA etc. L’ATMF a construit son site avec une majorité d’articles de presse (AP, AFP, Reuters) et d’ONG (AI, AFVIC, APDHA etc.). MSF cite dans son rapport des informations venant de l’APDHA, d’agence de presse, des gouvernements marocain et espagnol etc.
Tout le monde utilise les mêmes sources parce qu’en fin de compte il y a peu d’informations qui soient accessibles. Il y a un problème d’obtention des informations qui amène au final, par la pauvreté des données, à avoir une image floue sur les migrants.
Il y a une grande difficulté d’accès à la connaissance du terrain et de la situation principalement par le fait d’interdictions et de blocages émanant des forces de l’ordre marocaines. De plus, il s’agit d’une population fluctuante et pas définition impossible à recenser. Les informations obtenues sur le terrain ont été le fruit d’investigations faites de témoignages. Mais la fiabilité de la représentativité qui en découle nous parait alors douteuse. Ce fut la méthode employé par la Cimade/AFVIC (bien consciente des risques méthodologiques), MSF, mais aussi AI et APDHA.
Finalement, le discours des ONG est construit sur des sources d’informations limitées et à prendre avec précaution, ce qui ne facilite pas une vision claire générale des migrants.

La dénonciation de la situation :

Tous les articles et rapports que nous avons visité sont des dénonciations de la situation et des conditions de vie des migrants subsahariens au Maroc. Soit il s’agit d’un texte d’appel à rassemblement pour manifester contre cette situation, soit d’un texte à signer pour soutenir cette dénonciation, soit d’un rapport descriptif utilisé en vue de dénoncer. La dénonciation est le thème fondateur commun à toutes ces ONG dans les textes qu’elles mettent en ligne. Nous parlons des dénonciations de la violence en générale, de la violation des droits de l’Homme, de l’externalisation de l’asile par l’Europe, de l’impérialisme européen et de la complicité du Maroc. Mais aussi de la dénonciation des conditions des rapatriements et refoulements. Ces dénonciations exposées longuement, précèdent généralement en conclusion finale des « appels » au changement envers les autorités espagnoles, marocaines et européennes, et des appels à la mobilisation de la société civile.

-  « En vertu de tout ce qui précède, et après notre mission sur le terrain, nous avons pu vérifier que tout le territoire marocain est une zone de non droit […] en conséquence l’APDHA a exigé le respect des droits humains et l’instauration de critères de solidarité dans les politiques migratoires. En ce sens, unis à d’autres organismes, nous exigeons : 1- Au gouvernement espagnol, et par extension à la Commission Européenne […] 2 – Au gouvernement marocain […] 3- Au HCR à Genève […] 4- A la société civile […]. » [37]

-  « L’ATMF appelle l’ensemble des forces démocratiques au Maghreb et en Europe à s’opposer à cette politique de type colonial qui remet en cause les liens fraternels et séculaires entre le Nord et le Sud de l’Afrique. L’ATMF, tout en dénonçant les expulsions, exige du HCR la protection des 79 demandeurs d’asile. » [38]

-  « L’ensemble des faits en présence relevés dans ce rapport préliminaire ainsi que dans celui du 12 octobre, montre, outre la responsabilité du Maroc dans les évènements de ces deux dernières semaines : celle de l’Europe […] en particulier celle de l’Espagne […] tout comme celle de l’Algérie […]. » [39]
Cet aspect fondamentalement militant est à la base de la construction identitaire des ONG. Il est donc évident de le retrouver comme base similaire à la construction du discours sur les migrants subsahariens au Maroc.
Conclusion :

Finalement, il n’y a pas d’informations réellement valables et représentatives concernant le profil socio-économico-géographique des migrants subsahariens, et il en est de même dans l’explication de leur présence au Maroc, de leurs motivations à la migration. L’explication économique est souvent sous-entendue ou même explicite, et parfois nuancée par la violence-répression subit dans le pays d’origine. En fait, il faut bien comprendre que les ONG ne s’attachent pas à la résolution de problèmes géopolitiques internationaux, c’est le rôle des Etats. Le rôle des ONG est de « soigner » les conséquences d’une crise.
L’action de dénonciation est une des principales possibilités d’agir et influencer sur une crise pour les ONG. Ce domaine leur permet d’agir en amont et en aval du problème : l’action en amont concerne la recherche des causes et l’analyse globale socio-économico-politique de la situation (Migreurop, ATMF etc.). L’action en aval concerne là, la dénonciation d’une situation donnée par la constatation et la description des problèmes. Un minimum d’objectivité est requis pour ce genre d’action sous peine de perdre toute légitimité (ONG de défense des droits de l’Homme, MSF, CIMADE etc.).
Mais en réalité, il n’y pas ou peu d’informations réellement objectives sur les migrants subsahariens (sur qui ils sont), mais plutôt un discours « idéologisé ».
Les ONG sont militantes par nature, c’est pour cette raison que le principal de leur discours analysé plus haut, se situe dans la description des atteintes à la citoyenneté et à l’intégrité humaine, et donc à la dénonciation de ces faits observés. Ce qui explique qu’une vision du monde très manichéenne ressort de ce discours.
La nature originaire des ONG se situe pour beaucoup dans le militantisme, et pour la plupart dans la volonté d’agir là où l’Etat ne le pouvait pas ou ne le voulait pas. Car une des caractéristiques fondamentales des ONG se situe dans la dénonciation des défaillances de l’Etat, des Etats, de la société etc.
Rappelons quelques éléments caractérisants les ONG [40] :

-  regroupement de personnes privées pour défendre un idéal ou une conviction, et assurer la réalisation d’un dessein commun

-  volonté de s’inscrire dans un espace autonome, séparé de la puissance publique, étatique et internationale (permet de garder liberté d’opinion)

-  référence à des valeurs où démocratie, droits de l’homme, participation et société civile s’y articule.

-  Aspiration à une Humanité unique, transcendant les frontières nationales et les distinctions entre les hommes, vivant sur une même planète.
En fait, il n’y a pas de discours sur les migrants car le discours des ONG se construit à travers eux ; ce qu’ils représentent, cristallisent autour d’eux et à travers la problématique qu’ils soulèvent. Ainsi, en analysant le discours des ONG sur les migrants subsahariens, on en apprend davantage sur la construction identitaire des ONG, que sur les migrants eux-mêmes.



NOTES:

[1] . Notre choix des ONG ne s’est pas effectué selon l’origine nationale des ONG, mais plutôt par la présence sur leurs sites Internet d’articles et de rapports relatifs à notre sujet d’étude. Notre base de matériaux d’analyse s’est ainsi limitée aux sites Internet des ONG citées ci-après.
-  ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France) : www.atmf.org
-  CIMADE (Service Oecuménique d’Entraide) : http://www.cimade.org
-  AFVIC (Association des amis et Familles des Victimes de l’Immigration Clandestine) : http://www.afvic.fr.st (site Internet inaccessible)
-  MSF (Médecins Sans Frontières) : http://www.msf.org
-  Amnesty International : www.amnesty.asso.fr
-  Le réseau d’associations MIGREUROP : http://www.migreurop.org
-  APDHA (Asociaciòn Pro Derechos Humanos de Andalucìa) : www.apdha.org

[2] Nous prendrons pour exemple ici l’APDHA et Amnesty International.

[3] Article A l’oued, rien de nouveau, mis en ligne le 01 nov 2005 : http://www.amnestyinternational.be/doc/article6130.html

[4] Article ESPAGNE/MAROC - Les pressions exercées au sein de l’Union européenne pour « ne laisser entrer personne » engendrent de graves violations des droits des migrants, mis en ligne le 26 oct 2005 : http://www.amnestyinternational.be/doc/article6087.html

[5] Article ESPAGNE/MAROC - Les droits des migrants pris entre deux feux, mis en ligne le 03 oct 2005 : http://www.amnestyinternational.be/doc/article5979.html

[6] Ces citations sont tirées de l’article Espagne - Maroc : Les autorités doivent être tenues responsables des violations des droits fondamentaux des migrants, mis en ligne le 26 oct 2005 : http://www.amnestyinternational.be/doc/article6094.html

[7] Article L’Europe n’a pas de leçons à donner, mis en ligne le 02 dec 2005 : http://www.amnestyinternational.be/doc/article6496.html

[8] Article n° 6094, mis en ligne le 26 oct 2005, op. cit.

[9] L’analyse du discours de l’APDHA est basée sur l’étude d’un rapport en français datant d’octobre 2005, mis en ligne par le réseau Migreurop, Rapport sur les violations des droits de l’Homme des personnes migrantes d’origine subsaharienne en transit au Maroc. Etant donné que je ne parle pas l’espagnol, il m’a été impossible d’approfondir cet examen par l’étude de leur site internet. Toutes les citations qui vont suivre sont tirée de ce rapport : http://www.migreurop.org/IMG/pdf/APDHAMaroc-oct05.pdf

[10] Rapport de l’APDHA, mis en ligne sur le site de Migreurop, op. cit

[11] Site AI : http://www.amnestyinternational.be rubrique A propos d’AI.

[12] Site AI : http://www.amnestyinternational.be rubrique A propos d’AI.

[13] Nous prendrons pour exemple ici MSF, l’AFVIC et la CIMADE.

[14] Rapport réalisé par Anne-Sophie Wender de la CIMADE (en collaboration avec AFVIC-Plateforme Migrants), Gourougou, Bel Younes, Oujda : La situation alarmante des migrants subsahariens en transit au Maroc et les conséquences des politiques de l’Union Européenne, Octobre 2004 : http://www.cimade.org/downloads/rapportMaroc.pdf

[15] Voir Les récits et observations : du 25 au 30 octobre 2005, du 8 au 12 octobre 2005 et du 13 au 19 octobre 2005 : http://www.cimade.org/actus/comm99.html

[16] Rapport de la CIMADE, oct. 2004, op. cit.

[17] Rapport MSF – Espagne, septembre 2005, Violence et immigration : Rapport sur l’immigration d’origine subsaharienne en situation irrégulière au Maroc : http://www.msf.fr/documents/base/2005-09-29-MSFE.pdf

[18] http://www.cimade.org/que/migrants.html

[19] http://www.cimade.org/que/que.html

[20] Nous prendrons pour exemple ici le réseau Migreurop et l’ATMF.

[21] ONG membres du réseau Migreurop : Anafé, AMDH, ARCI, APDHA, ATMF, CIMADE, GISTI, IPAM, LDH Belge.

[22] Article publié le 25 oct 2005, Espagne-Maroc : Guerre aux migrants : http://www.migreurop.org/article857

[23] Article n°857 de Migreurop, op. cit.

[24] Article publié le 12 octobre 2005, Ceuta-Melilla : L’UE déclare la guerre aux migrants et aux réfugiés : http://www.migreurop.org/article887.html

[25] Article n° 887 de Migreurop, op.cit. Les mots soulignés le sont par notre initiative.

[26] Article publié le 15 octobre 2005, Dérive humanitaire de l’UE : http://www.migreurop.org/article660.html

[27] Article du 31 octobre 2005, Migrants et demandeurs d’asile en grève de la faim : http://www.atmf.ras.eu.org/article.php3 ?id_article=622

[28] Article du 31 octobre 2005, op. cit.

[29] La force des vaincus : des refoulés maliens de Ceuta et de Melilla témoignent : http://www.atmf.ras.eu.org/IMG/pdf/migrantsrefoulestemoignages.pdf

[30] Article d’ATMF mis en ligne le 23 oct 2005, Des refoulés maliens de Ceuta et de Melilla témoignent : http://www.atmf.ras.eu.org/article.php33 ?id_article=612

[31] Article du 23 oct 2005, op.cit.

[32] Article du 23 oct 2005, op. cit.

[33] Article du 23 oct 2005, op. cit.

[34] Parmi les premiers signataires de cette déclaration se trouve l’APDHA, Andalucia Acoge, Pateras de la Vida, le réseau Chabaka d’Associations Solidaires du Nord du Maroc, l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH), etc...

[35] Article de l’APDHA du 06 oct 2005, mis en ligne sur le réseau Migreurop : http://www.migreurop.org/article863.html

[36] Site de l’ATMF, rubrique : L’ATMF en quelques points, mis en ligne le 3 janvier 2004 : http://www.atmf.ras.eu.org/article.php3 ?id_article=153

[37] Rapport de l’APDHA d’octobre 2005, en ligne sur Migreurop, op. cit.

[38] Communiqué de presse de l’ATMF, mis en ligne le 07 décembre 2005, sur le site de TERRA, Maghreb : Banlieue de l’Europe, Etat d’urgence pour les subsahariens : adresse.

[39] Article de la CIMADE, du 19 octobre 2005, Des milliers de migrants dans la tourmente : enfermement des étrangers et renvois collectifs, la protection des réfugiés et des demandeurs d’asile en danger : http://www.cimade.org/actus/comm99html

[40] Philippe RYFMAN, La question humanitaire : Histoire, problématique, acteurs et enjeux de l’aide humanitaire internationale, Ellipses, Paris, 1999, pp. 25.

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10 avril 2006

ACTE - RÉSUMÉ DE LA RENCONTRE DE DEUX RIVES, SÉVILLE 26 NOVEMBRE 2005 (français

ACTE - RÉSUMÉ DE LA RENCONTRE DE DEUX RIVES
SÉVILLE 26 NOVEMBRE 2005


Avec participation environ de 40 personnes, certaines à à titre personnel et des autres appartenant à 23 associations des Deux Rives, tant du Nord du Maroc comme d\'Andalousie, ( l´AMDH, sections de Tanger, Tetouan et Chaouen, Baladre, Zambra et Solidaridad Internacional de Málaga, Sodevnord et l´ANDCM de Tetouan, CGT-A ( de Cádiz, Sevilla y Jerez), Asociación Jóvenes y Desarrollo, Wifak, Twiza, AMIES, Forum Dos Orillas, et Chouala de Tanger, Oficina de Derechos Sociales et Mujeres de Negro de Sevilla, Aghzar Ghis de Bni Hadifa et Tawiza de Ait Daoud d ´Al Hoceima, CRAC, Plataforma 0´7 et Comité Oscar Romero de Cádiz ) a eu lieu la rencontre de débat et réflexion de Deux Rives, qui avait comme points de l\'ordre du jour :

1º Réflexion et expériences de travail du réseau Deux rives

2º Qu\'est-ce que comprenons-nous par travail en réseau ?

3º Cadre de travail du réseau Deux Rives : définition d\'objectifs et de fonctionnement communs et partagés.

Au début de la rencontre, deux représentants de Chabaka ont lu un communiqué en expliquant sa position de ne pas prendre part la rencontre, après laquelle ils ont abandonné la rencontre (consulter dans la page web l\'acte de la réunion de Deux rIVES, avec participation de Chabaka le 26/02/05)

1º Sur le premier point, en ayant commencé la majorité des associations marocaines sa participation au réseau à partir du FSMED (juin 2005), et part des Andalous, on a fait un résumé de la trajectoire du réseau depuis 1997, en insistant sur le fait que les problèmes apparaissent quand on prétendra structurer le réseau avec des structures fixes et de représentation, et non comme un réseau ouvert et flexible, non de médiation ou de représentation.

2º Sur les points suivants, on est mis à travailler trois groupes pour approfondir dans ce que nous comprenons par travail en réseau et en définir les objectifs, les axes de travail et de fonctionnement du réseau. Finalement, on a fait une mise en commun, en ouvrant une pluie d\'idées sur ces trois questions : cadre commun et objectifs, axes de travail et de fonctionnement, qui restent comme propositions ouvertes à la discussion de chaque groupe dans une prochaine rencontre, sur le mois de mars, à Tanger, élaborer un document qui rassemble les points de consensus et les conclusions du débat. (Consulter les documents élaborés pour cette rencontre à la page web: www.redasociativa.org/dosorillas/).

CADRE ET OBJECTIFS COMMUNS

- Chercher les racines historiques et culturelles communes. -
- Définir le moment historique actuel de la Méditerranée et les intérêts du Nord et du Sud.
- Combattre les relations d´exploitation Nord - Sud et les politiques d\'exclusion, en visualisant des problèmatiques de notre espace vers une transformation sociale. On travaille pour construire un réseau de résistance à la globalisation capitaliste en comprenant ce concept dans un sens vaste et divers, et non exclusivement economiciste. À cet effet, il est nécessaire de contraster et d\'échanger les différents régards que nous avons et analyser conjointement notre réalité
- Influencer la société pour propager des initiatives qui insèrent au maximum de secteurs sociaux
- Réseau de coopération et appui mutuel dans la lutte par une transformation
sociale qui doit obtenir de nouvelles formes de fonctionnement horizontales et
participatifs dans les deux rives. À cet effet, il est nécessaire de faciliter et
d\'ajouter des idées au sein du réseau.




AXES DE TRAVAIL ET FONCTIONNEMENT

- COMMUNICATION : Amélioration de la communication entre les associations. Construire un pont communicatif à travers de nouvelles technologies et les Deux Rives comme un forum de débat et prise d\'initiatives collectives, renforçant la formation permanente au moyen de l\'école transfrontalière.
- FEMME : Conférence Internationale sur la Femme Amazigh Barcelone 2006
- CHÔMAGE ET PRÉCARITÉ : Rencontre sur le chômage et la précarité,
projetée pour mai 2006
- ÉCOLOGIE : défense de ce qui est commun : eau, terre....
- IMMIGRATION : travail de l\'AMDH de Tétouan en Ben Younech, problématique de la seconde génération d\'immigrants...
- MILITARISATION de la zone
- JEUNESSE
- Défense d\'un développement soutenable et démocratique, à travers des
diagnostics participatifs, avec analyse de genre, dans le but d\'étendre des
espaces de participation et décision
- AUTRES SUJETS PROPOSÉS DE TRAVAIL : le sujet de la dette historique
du colonialisme, la problématique de Ceuta et la Melilla, la réforme
constitutionnelle, la démocratisation de la zone, un pont dans le détroit



FONCTIONNEMENT

- être indépendant d´institutions et partis –
- chaque groupe que choisit une personne qui diffuse l\'information à travers d\'internet et du web
- Création d\'une liste de courrier électronique, en principe, avec les personnes participantes à la rencontre, et ouverte à ceux qui veuillent inclure, avec l\'approbation d\'un certain participant de la liste. (le CRAC est le responsable de la mettre en marche)
- Réseau de réponses immédiates
- Élaborer un calendrier propre de travail, marqué depuis des environnements locaux


Finalement, nous faisons un résumé du travail des groupes ( il nous manque le résumé du premier groupe, que nous inclurons dans la page web, quand nous l\'aurons)


RÉSUMÉ- GÉNÉRAL DE L\'ATELIER DU GROUPE 2

- Nécessité de communication et coordination à travers la page web de deux rives.
- Définir les axes de travail communs et leur donner la priorité
- Éviter tout type de structure organisative de comités stables et permanents, mais il est indispensable de créer des comités provisoires quand il y aura des sujets à travailler, dont la fonction finit quand elle finira le travail à effectuer.
- Nécessité de contrôler le financement des associations qui travaillent
coopération et développement
- Le réseau doit être ouvert à tous sur la base des objectifs communs, en dépassant des conflits et des intérêts personnels, en respectant les différences.

RÉSUMÉ- GÉNÉRAL DE L\'ATELIER DU GROUPE 3

- Qu´est-ce que nous voulons de Deux Rives ? : Coopération dans la lutte et l\'indépendance totale d´nstitutions et partis.
- Il y a une opinion qui tend plus à créer une structure fixe : commissions de
travail par des sujets avec un responsable dans chacun et un comité de
coordination de toutes les commissions. Une autre opinion est contraire à toute
structure fixe : travailler avec des commissions ouvertes et limitées à l\'activité
pour laquelle elle est créée .
- Sur le caractère central de la Méditerranée comme cadre du réseau, il y a aussi des différentes opinions, quelques en affirmant ce caractère central, d\'autres en l\'interrogeant.
- Le travail de deux rives doit être en réseau et comme espace ouvert et continu qui nous fait récupérer les espaces communs méditerranéens et les réinventer.
- Les différences d´opinion doivent enrichir et ne pas être un problème. Il faut apprendre à écouter. Le réseau est un système de communication entre des personnes et des associations indépendante des partis et institutions.
- Les axes de travail communs peuvent être : Politiques d´exclusion, militarisme, relations d\'exploitation, écologie. Dans ces quatre sujets nous trouvons transversaux comme femme et jeunesse.
- L\'objectif fondamental est d\'établir un cadre commun de travail, basé des relations d\'égalité, autonomie et indépendance des institutions. Il n\'existe pas de centre ni hiérarchie mais horizontalité.
- Le sujet de la communication est important, pour la diffusion et pour mettre en
commun de différents points de vue. Ceci a une relation avec l\'autonomie de
chaque association. Avec une communication horizontale, il n\'y a pas marqueur
ni metteur en escéne qui peut s\'approprier du discours. Le travail de
communication permettra un fonctionnement plus pluriel et horizontal
- Un espace de la géométrie multiple, avec des organisations qui entrent ou
sortent selon le sujet qu\'on travaille.


NOUS APPELONS À PRENDRE PART À LA LISTE DE COURRIERS POUR ENVOYER DES PROPOSITIONS, DES IDÉES, ETC., QUI PRÉPARENT LA PROCHAINE RENCONTRE DE MARS À TANGER

10 avril 2006

Appel de Bamako pour le respect

Forum Social Mondial Polycentrique
Janvier 2006 / Bamako, Mali

26/01/2006 Le Forum Social Mondial Polycentrique de Bamako s'inscrit dans le processus de construction d'une alternative aux politiques néo-libérales.

Au nom de la lutte contre l'immigration clandestine, les gouvernements mettent en œuvre une politique de répression et d'externalisation aux frontières de pays riches, à travers des camps, des refoulements, des expulsions, et de la sélection de la force de travail.

Ces politiques conduisent en particulier aux drames de Ceuta et Melilla et du Caire, aux morts du desert, de la Méditerranée ou du Rio Grande.

Nous proposons de construire au niveau international une alliance solidaire des sociétés civiles, des ONG, des mouvements sociaux et des associations contre ces politiques meurtrières…

De Bamako à Nairobi, nous proposons une année de mobilisation internationale pour le droit de toute personne à circuler librement dans le monde et à décider de son propre avenir. Les propositions suivantes sont issues d'ateliers consacrées aux migrations lors du forum social polycentrique de Bamako :

1. Nous appelons à la création d'un réseau international d'échange d'informations et d'actions pour les droits de tous les migrants ;

2. Nous appelons à la mise en place d'un axe thématique « migrations » dans le processus de préparation de Nairobi 2007 ;

3. Nous proposons une journée mondiale de mobilisation qui pourrait se tenir dans les lieux symboles des frontières (aéroports, camps de détention, ambassades, etc.) :

  • contre le droit d'exception appliqué aux migrants,

  • contre la politique de répression de l'émigration,

  • pour la fermeture des camps et la liberté de circulation des personnes.

Le sommet euro-africain de Rabat, au printemps 2006, doit être la première étape de cette mobilisation.

Bamako, janvier 2006

Organisations signataires : Alternative Espaces Citoyens (Niger), Altro diritto (Italie), Amalipe Romano (Italie), AMDH (Maroc), ARCI (Italie), ATMF (France), Attac Maroc, CEAR (Espagne), CESDI (Italie), Chabaka des Associations du Nord (Maroc), CIMADE (France), Coordination Démocratique de la Société Civile Nigérienne (CDSCN), GISTI (France), IDD (Immigration développement Démocratie, France) IPAM (France), L’Apis (Italia), MIGREUROP, Pateras de la Vida (Maroc), Sincobas (Italie), Todo Cambia (Italie), Arcinsegna (Italie).

10 avril 2006

Appel de Bamako pour le respect

Forum Social Mondial Polycentrique
Janvier 2006 / Bamako, Mali

26/01/2006 Le Forum Social Mondial Polycentrique de Bamako s'inscrit dans le processus de construction d'une alternative aux politiques néo-libérales.

Au nom de la lutte contre l'immigration clandestine, les gouvernements mettent en œuvre une politique de répression et d'externalisation aux frontières de pays riches, à travers des camps, des refoulements, des expulsions, et de la sélection de la force de travail.

Ces politiques conduisent en particulier aux drames de Ceuta et Melilla et du Caire, aux morts du desert, de la Méditerranée ou du Rio Grande.

Nous proposons de construire au niveau international une alliance solidaire des sociétés civiles, des ONG, des mouvements sociaux et des associations contre ces politiques meurtrières…

De Bamako à Nairobi, nous proposons une année de mobilisation internationale pour le droit de toute personne à circuler librement dans le monde et à décider de son propre avenir. Les propositions suivantes sont issues d'ateliers consacrées aux migrations lors du forum social polycentrique de Bamako :

1. Nous appelons à la création d'un réseau international d'échange d'informations et d'actions pour les droits de tous les migrants ;

2. Nous appelons à la mise en place d'un axe thématique « migrations » dans le processus de préparation de Nairobi 2007 ;

3. Nous proposons une journée mondiale de mobilisation qui pourrait se tenir dans les lieux symboles des frontières (aéroports, camps de détention, ambassades, etc.) :

  • contre le droit d'exception appliqué aux migrants,

  • contre la politique de répression de l'émigration,

  • pour la fermeture des camps et la liberté de circulation des personnes.

Le sommet euro-africain de Rabat, au printemps 2006, doit être la première étape de cette mobilisation.

Bamako, janvier 2006

Organisations signataires : Alternative Espaces Citoyens (Niger), Altro diritto (Italie), Amalipe Romano (Italie), AMDH (Maroc), ARCI (Italie), ATMF (France), Attac Maroc, CEAR (Espagne), CESDI (Italie), Chabaka des Associations du Nord (Maroc), CIMADE (France), Coordination Démocratique de la Société Civile Nigérienne (CDSCN), GISTI (France), IDD (Immigration développement Démocratie, France) IPAM (France), L’Apis (Italia), MIGREUROP, Pateras de la Vida (Maroc), Sincobas (Italie), Todo Cambia (Italie), Arcinsegna (Italie).

10 avril 2006

[Ceuta] Nueva redada en Beniunesh. Comunicado Apdha-Chabacka denunciando situación en la frontera del Ceuta y Melilla / 08.09

10 أيلول 2005
Publicado en indymedia barcelona
Chabaka y Apdha denuncian de nuevo la situación de persecución en el campamento de Beniunesh cerca de Ceuta. Exigen asimismo que se aclaren las circunstancias de la muerte de dos cameruneses en Melilla el pasado 29 de Agosto
Nueva redada en Beniunesh. Comunicado de la Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía y de la Red de Asociaciones del norte de Marruecos Chabacka.

El pasado miércoles fueron detenidos por la gendarmería marroquí unos ciento cuarenta inmigrantes subsaharianos en el campamento de fortuna situado en Maruecos cerca de la frontera de Ceuta. Se trató de una vasta operación en la que participaron 200 gendarmes y un número indeterminado de fuerzas auxiliares utilizando además apoyo aéreo
De nuevo la mayoría han sido enviados deportados a la frontera con Argelia, en muy penosas condiciones y a un incierto destino.
El lunes y el martes un par de centenares habías sido detenidos en las cercanías de Nador.
Apdha y Chabacka quieren denunciar este nuevo hostigamiento y las deportaciones de inmigrantes subsaharianos. Como hemos denunciado en numerosas ocasiones, es intolerable que la Unión Europea y España, conviertan a Marruecos en gendarme de las fronteras, exportando y externalizando la gestión de los flujos migratorios e incluso las graves violaciones de derechos humanos que se están produciendo.

Chabacka y Apdha quieren denunciar asimismo la campaña racista que se viene produciendo en determinados medios de comunicación marroquíes contra los inmigrantes subsaharianos. La última de ellas ha sido esta misma semana en un editorial del periódico Chaman Norte en el que se calificaba a los inmigrantes subsaharianos de “plaga de langosta negra”.

Finalmente, tanto Chabacka como la Asociación pro Derechos Humanos de Andalucía, tras el autoinforme autoexculpatorio de la guardia Civil sobre los trágicos sucesos producidos en la frontera de Melilla el pasado 29 de agosto que provocó la muerte de dos personas, consideran que no se aclaran de forma taxativa los hechos. Por ello se suman a la petición de CEAR y Amnistía de que sigue siendo absolutamente imprescindible una investigación exhaustiva e independiente. Es necesario además delimitar claramente las responsabilidades de lo ocurrido, sobre lo que existen suficientes testimonios.

El conjunto de graves violaciones de derechos humanos que se viene produciendo en el entorno de las fronteras de Ceuta y melilla, no puede seguir impune. No puede ampararse en razones de lucha contra la inmigración clandestina. Los derechos humanos no pueden ser tirados a las alambradas o a las cunetas bajo ninguna razón ni excusa.

Chabaka – Apdha 8 septiembre de 2005
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10 avril 2006

Chabaka y Apdha denuncian las graves violaciones de derechos humanos en Beniunesh

Recibido de Apdha el 22/02/2005 11.00

Centenares de personas al borde de la muerte.



La Red de Asociaciones del Norte de Marruecos –Chabaka– y la Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía –Apdha– tras la visita efectuada este pasado domingo a la zona de Beniunesh en la en la parte marroquí de la frontera con Ceuta y constatar las graves violaciones de los derechos humanos que se están produciendo, hacen un llamamiento urgente a los gobiernos español y marroquí y a las instituciones humanitarias internacionales.

Sobre el terreno se ha podido constatar que centenares de personas de origen africano –hombres, mujeres y niños–, que buscaban encontrar acogida en suelo europeo, están al borde de la muerte ya que la policía marroquí les impide el acceso a la comida y al agua. Estas personas, algunas de ellas heridas, están siendo hostigadas implacablemente impidiéndoles cobijarse, asearse o alimentarse.

Aquellas que son detenidas son enviadas a la frontera argelina, donde hemos podido confirmar que también se está provocando una situación infrahumana en la que ya se han producido varias muertes por frío o hambre.

Fruto de esta inhumana situación se están produciendo numerosos intentos de entrar a la desesperada en Ceuta saltando unas alambradas que superan los seis metros de altura. Y son rechazados pro las fuerzas del orden españolas.

Chabaka y Apdha lamentan que la colaboración hispano marroquí en el capítulo de las migraciones se traduzca es esta violación intolerable de los derechos humanos. Por ello piden a ambos gobiernos el cese inmediato de la persecución y que se acoja humanitariamente a estas personas. Y en todo caso, hacen un llamamiento a las instituciones internacionales para que intervengan con carácter urgente para parar este drama y exigir el respeto de la dignidad de las personas y de los derechos humanos.

10 avril 2006

Morocco/Spain

Statement by APDHA and Chabaka

Chabaka and the APDHA condemn the serious violations of human rights in Beniunesh. Hundreds of people are on the verge of dying.

The Network of North Moroccan Associations -Chabaka- and the Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía -APDHA, after visiting the area of Beniunesh on the Moroccan side of the border with Ceuta (a Spanish enclave in northern Morocco) last Sunday, and having verified the serious violations of human rights that are taking place, issue an urgent call to the Spanish and Moroccan governments, and to international humanitarian institutions. It has been possible to ascertain, on the ground, that hundreds of persons of African origins - men, women and children - who were looking to be received on European soil, are on the verge of dying because the Moroccan police is denying them access to food and water. These people, some of whom are wounded, are being harassed relentlessly, without being given the chance to find shelter, wash or feed themselves.

The people who are detained are sent to the Algerian border, where we have received confirmation that an inhumane situation is also being created, in which there have already been several deaths caused by the cold and hunger.

As a result of this inhumane situation, several desperate attempts to enter Ceuta are taking place, [with people] trying to jump fences that are over six metres high. They are rejected by the Spanish police forces.

Chabaka and the APDHA lament that the Spanish-Moroccan cooperation in the field of migration is translating into this intolerable violation of human rights. This is why they ask both governments to stop this persecution immediately, and for these people to be received in a humanitarian fashion.

Nonetheless, they also call on international institutions to intervene urgently to stop this tragedy and to require the respect of the dignity of these persons and of human rights.

24.2.2005

[Unofficial Statewatch translation of the appeal by Chabaka and the APDHA. The original, in Spanish, is below, followed by a letter about the situation in Beniunesh which the associations invite people to send to the Moroccan embassy in Spain, to the Spanish ministry of foreign affairs and to the UN Commissioner for Human Rights]

Previous story:
Spain-Morocco: Appeal highlights the human rights implications of the transfer of responsibility for immigration controls to third countries

Situación crítica en Beniunesh
Comunicado de la Apdha y Chabaka

· Chabaka y Apdha denuncian las graves violaciones de derechos humanos en Beniunesh
· Centenares de personas al borde de la muerte

La Red de Asociaciones del Norte de Marruecos -Chabaka- y la Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía -Apdha- tras la visita efectuada este pasado domingo a la zona de Beniunesh en la en la parte marroquí de la frontera con Ceuta y constatar las graves violaciones de los derechos humanos que se están produciendo, hacen un llamamiento urgente a los gobiernos español y marroquí y a las instituciones humanitarias internacionales.
Sobre el terreno se ha podido constatar que centenares de personas de origen africano -hombres, mujeres y niños-, que buscaban encontrar acogida en suelo europeo, están al borde de la muerte al serles impedido por la policía marroquí el acceso a la comida y al agua. Estas personas, algunas de ellas heridas están siendo hostigadas implacablemente impidiéndoles cobijarse, asearse o alimentarse.

Aquellas que son detenidas son enviadas a la frontera argelina, donde hemos podido confirmar que también se está provocando una situación infrahumana en la que ya se han producido varias muertes por frío o hambre.

Fruto de esta inhumana situación se están produciendo numerosos intentos de entrar a la desesperada en Ceuta saltando unas alambradas que superan los seis metros de altura. Y son rechazados pro las fuerzas del orden españolas

Chabaka y Apdha lamentan que la colaboración hispano marroquí en el capítulo de las migraciones se traduzca es esta violación intolerable de los derechos humanos. Por ello piden a ambos gobiernos el cese inmediato de la persecución y que se acoja humanitariamente a estas personas.
Y en todo caso, hacen un llamamiento a las instituciones internacionales para que intervengan con carácter urgente para parar este drama y exigir el respeto de la dignidad de las personas y de los derechos humanos.

Chabaka and the APDHA lament that the Spanish-Moroccan cooperation in the field of migration is translated into this intolerable violation of human rights. This is why they ask both governments to stop this persecution immediately, and for these people to be received in a humanitarian fashion.
Nonetheless, they also call on international institutions to intervene urgently to stop this tragedy and to require the respect of the dignity of these persons and of human rights.

Carta enviada a la embajada marroquí (una similar se envió al ACNUR, al Ministerio de AA.EE. español, al Comisionado de la ONU para los Derechos Humanos…)
A/A Sr. Embajador de Marruecos en España.
Madrid

La Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía, la Federación Andalucía Acoge, la Federación SOS Racismo, la Asociación Marroquí de Derechos Humanos y la Red de Asociaciones del Norte de Marruecos -Chabaka- han constatado la crítica situación que viven las personas de origen subsahariano en la zona de Beniunesh en la parte marroquí de la frontera con Ceuta, donde son constantes las violaciones de los derechos humanos más elementales.

Hemos podido comprobar cómo centenares de personas de origen africano que buscan solicitar asilo en territorio europeo, están en grave peligro incluso de muerte por hambre, sed y frío bajo la indiferencia de gobiernos e instituciones. Los militares instalados en la zona no les permiten el acceso ni a la comida ni al agua. Si son interceptados, son deportados a Oujda, en la frontera con Argelia, donde también malviven en terribles condiciones.
Como consecuencia de esta situación límite en estos días se están produciendo numerosos intentos de entrar a la desesperada en Ceuta saltando unas alambradas que superan los seis metros de altura.

Ante esta grave situación pedimos la inmediata actuación del gobierno marroquí solicitando el cese inmediato de la persecución y el hostigamiento de las personas africanas, así como la habilitación de ayuda para las personas inmigradas. Así mismo le trasladamos nuestra preocupación y nuestra exigencia del respeto de los derechos humanos y de los Tratados Internacionales de los que su gobierno es signatario.

A 24 de Febrero de 2005

Pedimos a todos los colectivos que se sumen a esta iniciativa y envíen cartas como la anterior o similar al Ministerio de Asuntos Exteriores y a la embajada marroquí. Copia la carta y añade tu nombre y DNI o el CIF de la asociación.

Las direcciones son:

EMBAJADA: simafa1@infonegocio.com
MINITSRIO ASUNTOS EXTERIORES: antonio.groger@mae.es
ACNUR: spama@unhcr.ch



10 avril 2006

Déclaration de Larache 2005

Ceuta-Melilla

Déclaration de Larache

par APDHA | publié le 6 octobre 2005 |

Le week-end dernier, plus de deux cent personnes de divers collectifs du Maroc, d’Espagne ou de France, se sont réunies à Larache (Maroc) aux fins d’analyser la situation des migrations.
Une rencontre d’actualité s’il en est, qui venait particulièrement à propos à la suite des graves incidents qui se produisent actuellement aux frontières de Ceuta et de Melilla.

Parmi les différents travaux réalisés au cours de cette rencontre, nous retiendrons l’élaboration de ce que nous avons dénommé la DECLARATION DE LARACHE reprenant la situation actuelle, et dans laquelle nous exprimons notre condamnation, notre douleur et notre dénonciation de tout ce qui est en train de se produire.
Parmi les premiers signataires de cette déclaration nous pouvons compter l’Association Pro Droits Humains d’Andalousie (APDHA), Andalucia Acoge, Pateras de la Vida, le réseau Chabaka d’Associations Solidaires du Nord du Maroc, l’Association Marocaine des Droits de l’Homme, etc...

Les signatures se recueillent en Espagne, au Maroc, mais y compris dans toute l’Europe. L’objectif de celles-ci est qu’elles soient présentées devant les parlements respectifs de chaque pays avec l’exigeance d’une politique qui prendrait plus en compte la solidarité et les droits de l’Homme. Nous en appelons donc à votre solidarité et vous demandons par la présente de signer la Déclaration.
Il suffit pour cela de se reporter au bas de la déclaration, où il existe un lien pour pouvoir la signer.

Un salut cordial et solidaire de la part de l’Association Pro Droits Humains d’Andalousie, APDHA.


Pour signer l’appel

Déclaration de Larache

Face aux graves événements qui se sont produits aux frontières de Ceuta et de Melilla, qui ont provoqué le décès d’au moins huit personnes et fait des dizaines de blessés dont le seul délit était le désir de trouver un futur plus digne, nous souhaitons exprimer notre douleur, notre indignation et notre condamnation énergique.

En premier lieu, il faut procéder à une enquête sur les graves violations des droits de l’homme qui se produisent autour des deux frontières, éclaircir les faits en liaison avec des observateurs internationaux et déterminer les responsabilités.

Nous rejetons le fait que l’unique manière d’aborder le phénomène migratoire entre l’Afrique et l’Europe soit la militarisation et la transformation des frontières en nouveaux murs de la honte, cette fois enclavés en territoire africain.

L’Union européenne ne doit pas affronter les problèmes issus des migrations avec des politiques sans cesse plus dures, basées sur l’étanchéité des frontières, sur des systèmes complexes de contrôle policier, sur le recul des politiques d’asile, sur des accords en vue d’expulsions collectives, sur des centres de rétention et d’internement, sur l’externalisation de la gestion de l’asile et des migrations, etc...

Il faudrait au contraire promouvoir des politiques généreuses et d’une plus grande envergure qui mettent en avant la coopération effective pour le développement et la solidarité et qui veillent aux droits de l’homme. Nous ne pouvons pas faire de l’Europe une forteresse où l’égoïsme économique serait le seul critère d’admission des migrants.

Toutefois, les événements survenus ces derniers jours à Ceuta et Melilla cadrent mieux avec ces politiques au profil dur et égoïste aux conséquences tragiques, qu’avec une autre approche fondée sur la coopération, la solidarité et les droits de l’homme.

Dans ce contexte, nous nous interrogeons sur le projet de création de centres pour mineurs au Maroc traité par le sommet hispano-marocain du 28 septembre 2005, en raison de garanties douteuses sur le respect des Conventions internationales relatives aux droits de l’enfant.

Nous dénonçons de la même manière que le Maroc ait accepté de se transformer en gardien de la frontière sud de l’Union européenne. Le manque de garanties démocratiques et la violation des droits de l’homme sont une réalité constante dans ce pays choisi précisément pour effectuer la sale besogne pour le compte de l’U.E. Il est inacceptable que l’Union européenne détourne son regard face aux violations des droits fondamentaux perpétrées par le Maroc envers les migrants.

L’Europe ne peut pas oublier ses responsabilités dans le désespoir des Africains qui tentent d’arriver jusqu’à elle. Il s’agit de personnes qui, après de nombreux maux pour traverser la moitié de l’Afrique, vivent dans des conditions inhumaines, dans l’attente d’une occasion d’accéder à l’Europe. Il ne faut pas s’étonner que face au harcèlement des différents corps de police marocains et à l’étanchéité sans cesse accrue de la frontière, ils sombrent dans un désespoir inimaginable.

L’Europe doit assumer sa responsabilité historique et actuelle dans la situation de tout un continent qui compte aujourd’hui plus de 100 millions de personnes d’une extrême pauvreté. L’Afrique et les Africains ont été spoliés, dépouillés et condamnés à la dislocation et à la misère, notamment par les entreprises multinationales. Et quand, fruit de leur situation désespérée, ils tentent d’émigrer, l’Europe les empêche de le faire légalement et ne leur laisse pas d’autre alternative que de tenter la terrible traversée de l’émigration irrégulière.

Pour toutes ces raisons, et tout en étant conscients de la complexité des facteurs qui ont une incidence sur ce problème, nous souhaitons :

-  Que soit créée une Commission de recherche, avec la participation d’observateurs internationaux indépendants, qui élucide tout ce qui est arrivé lors des tragiques événements de Ceuta et de Melilla et en détermine les responsabilités.

-  Que cessent immédiatement la persécution, le harcèlement, la violence et les expulsions vers la mort aux frontières de l’Algérie et de la Mauritanie opérés par le gouvernement marocain envers les migrants subsahariens.

-  Que soit autorisé et facilité pour ces personnes l’accès à une aide d’urgence de la part d’organismes internationaux à caractère humanitaire.

-  Que soient scrupuleusement respectées les conventions internationales et les lois espagnoles qui protègent le demandeur d’asile et qui établissent des normes à l’égard des migrants. En particulier, doivent cesser les expulsions collectives illégales pratiquées par la Guardia Civil espagnole.

-  Nous critiquons en l’espèce l’emploi de l’Armée dans des tâches de contrôle de frontières puisqu’il ne s’agit pas d’une affaire à caractère militaire mais d’un problème humanitaire et social grave.

-  Sur un plan plus général, nous croyons indispensable un changement de cap des politiques migratoires de l’Union européenne selon des critères de solidarité et de respect des droits de l’homme. De même il est indispensable de rendre l’accueil plus digne et de favoriser des politiques d’insertion des personnes arrivées en Europe.

-  Enfin, sur un plus long terme, nous rejoignons toutes les campagnes et revendications qui prônent l’annulation de la dette extérieure, le destin du 0,7 % au développement et la mise en route d’un ambitieux plan de coopération pour le développement structurel destiné prioritairement à mettre un terme aux situations de pauvreté et de misère que vit le continent africain. De même, nous soutenons ceux qui oeuvrent pour la fin de la violence destructrice de nombreux pays africains et pour leur démocratisation.

10 avril 2006

bel younes ou le camp de la honte *15 avril2005 par BRIGITTE ESPUCHE *

Nous rappellerons à tous, et surtout à l’Union Européenne et au Royaume du Maroc, que selon la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, “tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en dignité et en droits”, et qu’”ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité”. Cependant, nous rappellerons à tous qu’il existe dans la forêt de Bel Younes, près de Ceuta, (à quelques kilomètres seulement de Tarifa, la côte sud de l’Espagne), un camp de la honte où vivent entre 200 et 300 subsahariens, la plupart arrivés par “pateras” (petites barques de fortune) dans l’espoir de vivre une vie meilleure, et qui se trouvent enfermés dans les bois comme des animaux.

Enfermés, car la Police et les Militaires, dans leur lutte zélée contre l’immigration clandestine, les empêchent de sortir de la forêt, car ils sont entrés irrégulièrement sur le territoire marocain et qu’ils s’apprêtent à franchir illégalement une autre frontière. Enfermés, car ces Êtres vivent dans la forêt depuis parfois 18 mois ( !!), à se nourrir de ce que ramènent les quelques ONG qui se préoccupent de leur situation, à se laver dans un court d’eau et à subir les rafles quotidiennes de la Police locale.

Comme des animaux, car cette vie est infâme pour n’importe quel Être humain, à fortiori quand cet Être a fui son pays pour des raisons politiques ou économiques, pensant trouver refuge et tranquillité dans un pays “civilisé” et “démocratique”. Comme des animaux, car la plupart, intellectuels ou ingénieurs, pensaient que quand il ne rest[ait] plus rien, il rest[ait] au moins la culture, mais qu’au final “quand tu es enfermé depuis un an dans une forêt sans jamais lire un journal, tu finis par ne même plus savoir écrire ton prénom”...

Nous rappellerons à tous que cette situation est intolérable et qu’en tant que pays occidental “civilisé”, il est hors de question ne serait-ce que de fermer les yeux sur ce qui s’appelle ni plus ni moins un véritable crime collectif.

Ils ont entre 14 et 45 ans, à majorité des Hommes (4 à 5 femmes nous a-t-on dit, les enfants ayant été emmenés dans des Centres pour Mineurs lors de la dernière grande rafle de mars), et vivent dans la forêt depuis 2 à 18 mois. Organisés en différents Clans, divisés par nationalité, ils ont crée une Coordination formée par les représentants de chaque Communauté, qui gère les questions de la vie quotidienne, les réunions et les plans de travail au sein de la forêt. Car il faut bien s’organiser. Et pour cela il existe des règles strictes dans la forêt, auxquelles chacun doit se soumettre sous peine d’être en infraction. Nous nous en rendons vite compte, notre arrivée dans la forêt étant l’objet d’un conflit protocolaire : les représentants de Chabaka (réseau d’associations marocaines de défense des droits de l’homme) et d’APDHA n’ont pas prévenu à temps les leaders de chaque Communauté de cette visite.

« Vous êtes les représentants d’Organisations qui défendent les Droits de l’Homme et de fait, vous devez respecter notre Droit à ne pas vous recevoir », nous indique Issa, le chef de la Communauté Congolaise, venu à notre rencontre à l’orée de la forêt. « Nous autres possédons nos règles et les leaders des différents groupes n’ont pas eu le temps nécessaire de discuter de l’opportunité de votre visite. Si vous le souhaitez vous pouvez nous proposer une date ultérieure ». Pourtant, si Chabaka, originaire de Tanger, a la possibilité de revenir à sa guise, nous autres d’Andalousie, avons effectué un long voyage pour les voir et leur apporter argent et médicaments. De fait, s’il est bien évidemment hors de question pour nous de bafouer leurs droits et leurs lois, nous ne sommes cependant pas en mesure de revenir quand bon nous semble et il serait bien dommage, une fois sur place, de revenir bredouille à Cadix.

Pour autant, malgré nos tentatives de négociations, la Communauté reste inflexible : il nous sera impossible d’accéder au camp proprement dit. « Nous sommes en minorité dans le Camp » nous indique un jeune Congolais, « nous ne pouvons pas défier les lois régissant la forêt ni l’autorité des différents chefs. Nous perdrions toute possibilité de pouvoir nous faire entendre... ». Mais reconnaissant l’effort de notre parcours, la Communauté Congolaise accepte d’entamer une discussion avec nous et nous permet de nous asseoir avec eux à l’orée de la forêt.

S’engage une discussion à bâtons rompus sur leurs conditions de vie et sur ce qu’ils attendent de nous. Vivant sur des paillasses faites de morceaux de carton maintenus par des bâches de plastique ficellés, ils subissent les intempéries, la maladie et les attaques répétées des militaires marocains. Ils nous expliquent qu’ils ont pourtant vu leurs conditions « s’améliorer » grâce aux nombreuses plaintes des ONG. L’Armée, en effet, a fini par relâcher un peu la pression, et s’est depuis peu retiré à l’extérieur du camp. Durant les mois de février et mars, la tactique militaire consistait en effet à les isoler au plus profond de la vallée pour les priver d’aliments et les empêcher d’accéder aux sources leur permettant de s’apprivionner en eau et de laver leurs vêtements. Depuis lors, les dénonciations semblent avoir eu quelques effets, puisqu’une brèche s’est ouverte dans la forêt leur permettant d’aller et venir au sein du Camp proprement dit et d’accéder aux vivres et aux sources d’eau. L’Armée a également permis aux ONG de Défense des Droits de l’Homme et à Médecins Sans Frontières de rendre des visites plus ou moins régulières aux « prisonniers » et à autoriser que les malades les plus gravement atteints soient transférés à l’Hôpital de Tanger.

Mais ceci, bien sûr, comporte une contre-partie, et de taille. Chaque visite, ou presque, est le prétexte à une nouvelle rafle. Nombreux sont alors ceux qui sont détenus et envoyés dans un Centre de Rétention pour Etrangers en attendant d’être expulsés vers leurs pays d’origine. Les maigres biens acquis (vêtements, bâches, vivres, argent liquide, etc..) sont alors « saisis » et tout est alors à recommencer....

« Les mots maintenant ne suffisent plus » nous indiquent-ils d’emblée, après nous avoir longuement écouté exposer notre plan d’action face à cette politique européenne que nous condamnons. « Nous avons besoin d’actions concrètes, et unifiées. Si nous vous sommes reconnaissants de tout ce que vous tentez pour nous, nous constatons que vous êtes loin d’être unis entre ONG : chacun arrive ici comme un messie pour nous proposer de l’aide, mais sans aucune coordination avec le voisin. Nous allons finir par croire que vous ne voulez pas tant nous faire du bien à nous, sinon vous tirer la part belle... ».

A bout de patience et au bord de l’épuisement, ces Hommes prennent la parole chacun leur tour, dans un français parfait et soutenu, et nous font part de leur désarroi, de leur désespoir : « Quand tu as risqué ta vie dans una barque trouée pendant plus de 70h de trajet, pour échapper à l’injustice, à la peur ou aux massacres, et qu’on vient te sauver dans l’eau, tu penses qu’on va enfin t’aider, te donner une couverture et de l’eau...mais la police est la première à te donner les premiers coups...alors tu te demandes s’il n’aurait pas mieux vallu te laisser crever dans l’eau... ». De fait, ils nous évoquent avec douleur les suicides de nombreux de leurs compagnons, attérés par cette politique marocaine inhumaine qui laisse mourir sans scrupules « ses propres frères »...

Et pourtant, armés de leur seule lucidité, ils savent que le Maroc n’est pas le seul responsable de ce qui se passe ici : « Les fautifs se sont les gouvernements espagnol et français qui obligent le Maroc à devenir un gendarme de l’Europe. C’est l’Union Européenne la principale responsable de ce crime. » Ils nous expliquent que la Guardia Civil espagnole est bien pire que la police marrocaine, qui démontre pour le moins un peu plus de compassion à leur égard ; ils nous enjoignent à faire passer le message selon lequel ils ne sont pas « néfastes ni dangereux » : « Nous voulons dire à l’Europe et au Maroc que nous ne sommes pas des délinquants, que nous nous engageons à respecter les normes de notre pays d’accueil si on nous reconnaît les Droits Fondamentaux de tout Etre Humain, Droits qui sont inaliénables et sacrés... Nous ne sommes pas des animaux. ». Et un ingénieur ferroviaire d’enchaîner : « L’Union Européenne et l’ONU financent des programmes d’éducation au Mali pour former les jeunes...Mais pourquoi ?! J’ai étudié dans mon pays plus de cinq ans et j’ai obtenu mon diplôme, mais au final je suis condamné ici ! ».

Aprés 3h de discussions, nous nous apprêtons à prendre le chemin du retour, le coeur lourd, émus et quelque peu honteux de retrouver le confort de nos vies, de l’autre côté de la vallée, de l’autre côté de la frontière... Loin de nous demander des vivres, des cigarettes ou du savon, ils nous demandent de leur ramener, lors de notre prochaine visite, des journaux en anglais et en français, des livres d’espagnol (« pour apprendre la langue de notre futur pays d’accueil »), et des romans photos ! Le jeune médecin de la Communauté (24 ans, en dernière année de médecine quand il a fui le Congo) nous fait son « ordonnance » quotidienne et nous lui demandons combien de temps vont durer les 300 Euros de médicaments que nous venons de lui apporter ; attendri et quelque peu amusé, il nous répond que « demain matin il ne restera plus rien...nous sommes près de 300 ici, et chaque jour il y a quelqu’un à soigner, à traiter, à désinfecter...Nous ramenons beaucoup de maladies tropicales, et nous vivons dans les bois, tu sais, Madame... »

Nous savons...

Et nous rappellerons à tous que nous sommes tous responsables de cette situation...

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